Paroles de Montagnard·e·s : Aude Francou et Guillaume Devalle - Gardiens du Refuge Buffère
Aude Francou et Guillaume Devalle sont les gardiens du Refuge Buffère, La Belle Route a fait leur connaissance fin janvier lors d’un petit raid dans la vallée de la Clarée. Une chose en amenant une autre, ils ont joué le jeu des Paroles de Montagnard.e.s !
Quel a été votre cheminement pour vivre aujourd'hui à la montagne ?
Aude
Je viens du monde de l’édition, notamment d’ouvrages autour de la montagne (NDRL : les éditions Guérin, ça doit vous dire quelque chose !). J’ai un long cheminement en montagne, de Briançon, ma ville natale jusqu’à ce que Guillaume et moi fassions le choix de nous installer à Névache, partagés entre le village et le refuge depuis 15 ans.
Guillaume
Je suis tombé dans la marmite tout petit ! En effet, je suis né un soir de tempête à Névache chez mes parents en 1984 ! J’ai vécu toute mon enfance dans la vallée de la Clarée, j’avais 6 ans lorsque mes parents ont créé le refuge Buffère qui n’était qu’une ruine au tout début.
Je n’ai pas fait beaucoup d’études, mon Bac en usinage mécanique m’a permis de me rendre compte que je voulais vivre en montagne. J’ai fait le choix de quitter la Clarée pour connaitre autre chose, c’est comme cela que j’ai rencontré Aude à Grenoble. Après 4 années de chantier en montagne mais pas comme celle de la Clarée, nous avons décidé de revenir à Névache.
J’ai alors été pisteur secouriste pendant 17 ans à l’Alpes d’Huez, une pige aux Houches (pour le stage de fin d’études d’Aude) et surtout à Montgenèvre (notamment maitre-chien d’avalanche). J’ai rapidement contribué à la reconstruction du hameau de Buffère avec mes parents.
Quel est votre quotidien en montagne ?
Aude
On jongle un peu avec les enfants et la gestion du refuge. Vie de famille / vie pro dans un site isolé en cherchant à minimiser les aller-retours à vide, ainsi, lorsqu’on doit aller à Névache avec les enfants, on en profite toujours pour coupler cela avec les besoins du refuge.
Pour le moment, cela s’organise bien puisque nos enfants sont scolarisés à Névache, ce sera plus compliqué lorsqu’ils seront à Briançon.
C’est une vie très atypique, on en a conscience et on ne veut pas que nos enfants en subissent les conséquences et en aient de mauvais souvenirs, alors on s’organise !
Guillaume
A cela il faut comprendre que nous avons deux types de quotidien : lorsque le refuge est ouvert, on y vit, lorsqu’il est fermé (6 mois / an), on a une vie « normale » à Névache en montant aux heures de travail classique pour le préparer.
Comment voyez-vous le ski de randonnée dans 10 ans ?
Aude et Guillaume
On le voit très bien !!
Le COVID a permis à beaucoup de personnes de découvrir le ski de randonnée, le goût de l’effort. On remarque que la pratique en famille se développe beaucoup aussi. L'appel des grands espaces de pure nature est très présent.
La Clarée est un lieu extraordinaire pour le ski de randonnée. Sans prétention mais... peut-être avec 40 ans d’avance sur note temps : tourisme modéré, on y est déjà au goût du jour et de demain : on a une trace pour le ski de randonnée depuis déjà presque 10 ans !
Ce qu’on propose va vraiment dans ce sens, on essaie de minimiser notre impact environnemental lié au fonctionnement du refuge (malgré notre isolement) : ici pas de générateur au fioul, on a une pico-centrale hydroélectrique, on réduit au maximum notre production de déchets, la nourriture est bio et/ou locale. Les personnes que l’on accueille sont sensibles à cela, on a l’impression d’apporter des solutions simples que nos randonneurs peuvent aisément reproduire chez eux au quotidien.
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