Paroles de Montagnard·e·s : Marie Poulain et Jean Miczka - The Cross-Border Mountain Trip
Marie et Jean , deux étudiants de Sciences Po Grenoble, mènent actuellement un projet liant leurs études et la montagne : The Cross-Border Mountain Trip ! Entre deux nouvelles montagnes à découvrir, ils nous ont livré leurs paroles de montagnards...
Quel a été votre cheminement pour vivre aujourd'hui à la montagne ?
Jean
Originaire de Lyon, j’ai découvert la montagne en Suisse l’été car mon père y travaillait. J’ai tout de suite été émerveillé et ai voulu y vivre !
J’ai eu connaissance de la possibilité de faire le lycée en 4 ans à Moutiers, il s’agissait d’un cursus bi-qualifiant où on passait énormément de temps en montagne (10 semaines par an). C’était incroyable, une expérience dingue, j’ai acquis beaucoup de compétences et, en plus, j’ai des amis partout dans les Alpes désormais.
Aujourd’hui, le choix de Grenoble pour faire mes études supérieures (Sciences Politiques et relations internationales) s’est imposé car on peut tout y faire.
Marie
Aussi originaire de Lyon, c’est par le biais de Jean vers 17 / 18 ans que j’ai vraiment découvert la montagne : d’abord par la randonnée et l’alpinisme, le ski de randonnée est une activité plus récente pour moi. Nous aimons beaucoup voyager et nous combinons cela aussi avec nos études en relations internationales. Ainsi, nous avons récemment découvert les montagnes d’ailleurs au travers de treks / expéditions au Maroc, au Kirghizstan ou encore Inde.
Marie et Jean
Et là, nous sommes en année de césure ensemble pour ne faire que de la montagne !
Quel est votre quotidien en montagne ?
Marie et Jean
Notre quotidien est un peu différent actuellement car nous faisons une année de césure (interruption d’une année des études supérieures) avec pour but de faire le lien entre la montagne et nos études en explorant les montagnes transfrontalières tout en mettant en avant les dynamiques dans ces espaces frontières justement : litige frontalier, migrations, etc.
Nous projetons de gravir 14 sommets transfrontaliers en alpinisme, en randonnée ou en ski de rando tout en mettant en avant le dynamique et les problématiques qu’il peut y avoir entre les frontières. Tout est à suivre au travers de The Cross-Border Mountain Trip sur internet et Instagram.
Tout notre programme a été chamboulé avec la crise sanitaire, nous avons déjà parcouru le GR 5 du Lac Léman à Menton, atteint le Mont Dinara en Croatie, travaillé un mois en centre de recherche en Turquie pour faire un article concernant le Mont Ararat (plus haut sommet Turc mais aussi symbole arménien !), dans le Kurdistan irakien, nous avons gravi le Halgurd, aujourd’hui et pour le reste de l’hiver nous sommes dans les Balkans (Bulgarie, Macédoine, Kosovo, Monténégro, etc.).
A chaque fois, nous cherchons à comprendre les lieux, les pratiques, la vie sur place. Nous nous rendons compte que certaines montagnes/massifs ne sont pas du tout connus depuis la France et espérons donner un peu envie d’aller les voir. Et surtout de donner accès à des informations car ce n’est pas toujours évident pour les gens de trouver des informations par exemple au Kurdistan irakien.
Comment voyez-vous le ski de randonnée dans 10 ans ?
Jean
Intéressant. Quand j’étais au lycée. Il y avait plusieurs sections dont ski alpin de compétition. Moi, je ne faisais que de la rando et on était vu bizarrement… Maintenant ces amis en font aussi !
Tout évolue, d’un cliché de ski de montagne austère, aujourd’hui, c’est super bien vu avec une chouette image. On a été étonné de voir que le ski de rando était aussi développé en Bulgarie car de première vue, ce n’est pas une destination à laquelle les gens pensent pour faire du ski de rando. Par contre, en Irak, ce n’est pas du tout développé et on passait un peu pour des extra-terrestres !
Après, bien que le changement climatique ne va pas menacer directement le ski de rando en tant que discipline, cela va forcément influencer la pratique.
Marie
Le ski de rando demandera toujours des compétences (technique, sécurité, physique).
Des infrastructures se développent. Ça questionne quand on voit le projet américain qui coûte très cher juste pour avoir accès à un lieu chauffé et des traces de montées. A voir comment les stations intègreront les disciplines dans les années à venir.
Retrouvez Marie et Jean sur https://thecbmt.com / www.instagram.com/the_cbmt